Histoire

- Viens ma grande, nous te promettons que ça ne fera pas mal... tu ne sentiras rien... , me promet l'homme à la peau noire, un spray paralysant dans une main, un autre faisant office de somnifère dans l'autre.

Quelque chose m'étonna : il était venu seul. Ce n'était pas possible, les Âmes ne venaient jamais seuls ! Des éclats de voix proches me firent lever la tête. Qu'est ce que je disais ? J'étais fichue. Ils avaient eus toute ma famille, tous mes amis, et maintenant moi. Je m'effondrai sur le sol, telle une poupée de chiffon. J'étais trop épuisée pour rester debout une seconde de plus, je n'en pouvais plus. C'est fini ; ils avaient gagné et j'avais perdu. Qu'est ce que j'espérais ? Qu'ils me laissent gentiment partir pour me traquer un peu plus tard ? Qu'ils me laisseraient une longueur d'avance avant de partir me chercher ? J'étais seule au monde, je ne pensais alors pas qu'il y avait d'autres personnes que moi qui résistaient à ces envahisseurs pacifiques. L'homme à la peau noire braqua ses yeux aux iris gris clairs et aux contours des pupilles d'un bleu électrique éclatants sur moi. Il s'approcha doucement, non par peur que je le remarque - je n'arrêtais pas de le fixer - mais pour me montrer qu'il n'allait pas recourir à la violence. Il me prit doucement par l'épaule et me demanda de ne pas bouger. J'étais perdue, alors autant obéir. Il appuya sur le bouton du spray/somnifère et je m'endormi... probablement pour toujours...

Par la suite, l'homme héla ses acolytes et tous ensemble, ils transportèrent Ombre dans la voiture immaculée et bien vernie. Ils l'emmenèrent ensuite dans l'infirmerie, où le Soigneur Pétale-du-Matin les attendait. L'homme, sans tarder, ordonna d'un signe de tête aux Traqueurs de déposer le corps endormi sur la table d'opération. Un fois cela fait, il attrapa son scalpel et entreprit de tailler légèrement la nuque d'Ombre afin de laisser entrer sa future hôte. Pétale-du-Matin alla ensuite chercher la petite boîte argentée où reposait l'Âme choisie pour habiter le corps de la jeune humaine. Avec beaucoup de précautions, le Soigneur ouvrit la petit boîte et, avec des gestes légers et précis, déposa doucement sa main dans le récipient. L'Âme, ravie, de tarda pas à sortir de sa maison pour se poser sur la main du Soigneur, ce dernier esquissa un sourire satisfait et glissa la petite chose à la fois argentée et légèrement bleutée mais surtout luisante dans la fente rouge créée par le scalpel. L'Âme y rentra sans se presser disparut dans les profondeurs du cerveau de Ombre. Pétale-du-Matin attrapa ensuite un spray réparateur et en vaporisa généreusement la nuque de la jeune fille. Quelque minutes plus tard, cette dernière ouvrit les yeux. Ses yeux d'ordinaire gris/bleu clair était désormais plus brillants, éclatants, voyants, le signe qu'elle était habitée par une Âme.

- Bienvenue, puis-je connaître votre nom ? me demanda poliment le Soigneur.

Je me levai lentement, remuant les doigts, admirant avec fascination ma nouvelle enveloppe charnelle.

- Merci à vous, je me nomme Perle-Ardente. Dans les autres mondes, c'est comme cela que l'on m'appelait. Je suis une Traqueuse, me présentai-je.

Le Soigneur m'appris que nous étions sur la planète Terre et qu'il s'appelai Pétale-du-Matin. Je le saluai à mon tour et, pendant qu'il me présentait à mes futurs collègues, une voix dans ma tête attira mon attention. Perle ? Je m'appelle Ombre. Ombre ? Tu es l'humaine dont j'ai pris le corps ? Oui. Mais tu n'es pas morte ? Non, et je veux sortir. Jamais. J'appris par la suite qu'Ombre était plus résistante que je ne le pensait, nous allions devoir vivre à deux dans ce même corps, mais je m'y ferai.

[Paragraphe 1 : Ombre - Paragraphe 2 : le narrateur - Paragraphe 3 : Perle.]