Histoire

« Will ! Couches-toi ! » hurlai-je à mon frère.

Trop tard, le Traqueur venait d'appuyer sur le bouton, un mince filet d'eau paralysante et anesthésiante enveloppa la tête de William, mon grand-frère.

Et merde.

Ses yeux étaient mis-clos il tangua un moment puis, après m'avoir lancé un regard - tues-moi - il tomba dans les vapes. Les larmes ne venaient pas, la culpabilité, à mon grand étonnement, m'enveloppa quand même. Je n'avais pas su le protéger. Ce regard, je l'avais compris et il le savait. Je ne pourrai pas le réveiller sans me faire moi aussi attrapée. Alors j'empoignai à deux mains la crosse de mon pistolet qui se trouvait dans la poche arrière de mon jean troué. Je posai le bout de l'arme - d'où devait sortir la balle - sur la tempe droite de mon frère. Je fermai les yeux et appuyai sur la détente. L'explosion familière et assourdissante du coup de feu me déchira violemment les tympans. L'odeur âcre du sang et le goût de rouille salée me remplit les poumons, à croire que c'est moi qui m'étais tuée.

Adieu Will...

Il avait du tuer July, notre petite soeur, pour ne pas qu'elle devienne le corps appartenant à une âme. Et moi, j'avais tué William. Toute ma vie, l'avenir qui me restait. J'avais tout foutu en l'air en moins d'un battement de cils. Voilà comment une balle peut désintégrer l'avenir d'une famille. Voilà comment le feu peut réduire en cendre une histoire. Notre histoire. Celle qui était désormais la mienne.