Combien de temps c’est écoulé depuis la nuit que j’ai passée avec Strauss ? Une semaine ? Un peu plus ? Un jour il faudra vraiment que j’investisse dans un calendrier pour noter les jours qui me semble important. Fixent le mur de la petite grotte je soupire. La solitude me pèse plus que je ne l’avais imaginé, mais c’est ma faute si j’en suis là. Si j’avais écouté Strauss je serais toujours avec Castiel et les autres membres du groupe. Au lieu de ça, après avoir tout déballé, à propos de Mélicendre, à notre chef je lui ai annoncé que je quittais le château. Bien sûre il a refusé catégoriquement et une belle dispute a éclaté entre nous. Mais on a finis par trouver un compromis. Caressant machinalement la petite pilule de cyanure au fond de ma poche je souris. Castiel va mettre le groupe à l’abri et ne dira rien à propos de Mél ou de moi à Max, en échange au moindre signe de danger j’avale le petit cachet mortel et bye bye Kristal. En attendant si je ne me décide pas à aller en ville c’est la faim qui va me tuer. Attrapant mes lunettes de soleil je les mets et quitte discrètement mon abri.

En prenant le chemin de la ville je réfléchis. J’ai la chance d’avoir trouvé pour refuge une grotte parfaitement invisible et muni d’une source. Un sourire amusé flotte sur mon visage. Si je n’étais pas tombée dedans par hasard je n’en aurais jamais trouvé l’entrée. Elle n’est pas trop loin de la ville et juste assez spacieuse pour y vivre, le seul inconvénient c’est que si la température se met à chuter je vais radicalement mourir de froid. Soupirant j’observe les maisons. Me stoppant je prends le temps de dépoussiérer ma tenue. Vêtue d’un short de randonné, de chaussure et d’un sac assortis ainsi que d’un t-shirt bleu clair je donne l’impression d’être en vadrouille. Du moment que je ne fais pas négligée personne ne devrait m’ennuyer. Réajustant mes lunettes de soleil et prenant une profonde inspiration je m’engage entre les maisons. Tout en saluant poliment les Âmes que je croise je ne peux m’empêcher de penser que ma cachette n’est quand même pas appropriée. Mon but c’était de rester près de Strauss et je me retrouve à me terre près de Tucson alors qu’il habite au Grand Canyon.

Chassant cette pensée je me concentre sur ce que je fais. Ça ne sert à rien de réfléchir à ça pour le moment, le plus important c’est de ne pas me faire pincer. Heureusement le soleil justifie sans mal le port de lunette noir. Toujours polie et courtoise envers les Âmes que je croise je passe sans mal pour l’une d’elle. Malgré tout je suis nerveuse, ce n’est que la deuxième fois que je viens en ville et le faire de jour me stress. Sauf que les magasins sont fermés la nuit, alors je n’ai pas vraiment le choix. Il faudra bien que je m’y habitue car cette situation semble partie pour durer à moins que je ne décide de rejoindre le groupe, mais ça voudrais dire abandonner tout espoir de revoir Strauss et ça c’est hors de question. Reportant mon attention sur la rue je réalise que je suis perdue. A marcher sans regarder ou on va voilà ce qui arrive. Pas grave. J’aborde poliment une Âme passant par là et lui demande par ou aller pour rejoindre le magasin le plus proche. Après m’avoir expliqué le chemin à suivre la jeune femme me propose de m’accompagner, mais je décline son offre, je ne voudrais pas la déranger.

Sachant maintenant par ou aller je traverse la rue et … Un raclement de gorge attire mon attention. Tournant la tête je me fige. Merde ! Mélicendre ! Un instant j’ai envie de lui bondir dans les bras et de l’étreindre, mais ma conscience me rappelle à mon bon sens. Ce n’est pas Mél, c’est Sunny. Tout sourire l’Âme me salut d’une façon un peu particulière. Ca faisait longtemps ? Heu … J’ai bien envie de lui répliquer quelque chose, mais je suis complètement prise de cours par la situation et puis ça ne ferais pas Âme du tout. Les grossièretés ce n’est pas leur truc. Pourtant il faut bien que je fasse quelque chose. Si je reste là à la fixer en silence à travers mes lunettes de soleil elle va se douter qu’un truc cloche. Mais qu’est-ce qu’elle fiche là aussi, c’est bien ma veine de tomber sur elle. J’espère vraiment qu’elle n’a pas accès aux souvenirs de Mél sinon je suis grillé sans même avoir à faire quoi que ce soit. Tant pis, il faut que je l’envoie, poliment, balader. Penchant la tête de côté comme si j’étais surprise je me compose un joli sourire d’excuse et m’adresse à elle le plus calmement possible.

-« Bonjour, je crains que vous ne fassiez erreur sur la personne madame. »

J’ai furieusement envie de tourner les talons maintenant et de filer, mais ce serait lui mettre la puce à l’oreille. Sa ferait bien trop suspect de lui fausser si rapidement compagnie, elle devinerait que j’ai quelque chose à cacher. N’empêche, mes lunettes de soleil me semble soudain bien ridicule comme protection, je n’avais vraiment pas prévue de croiser quelqu’un que je connais … En même temps hormis Mél et Strauss je ne connais pas grand monde capable de se balader en ville en plein jour. Enfin combien y avait-il de chance pour que je tombe juste sur Sunny ? Dans le genre pas de chance on ne fait pas pire. Continuant de sourire poliment je me force à rester calme et à continuer de jouer les Âmes bien gentille et bien polie. De toute façon je ne vois vraiment pas quoi faire d’autre. Je pourrais l’assommer, la jeter sur mon épaule et filer … C’est le meilleur moyen pour attirer l’attention et me faire trainer dans un centre de soin. Comme je n’ai pas franchement envie de finir en hôte si facilement j’opte pour le mensonge. De toute façon je n’ai pas vraiment d’autres options à mon actif.

-« Je m’appelle Sculpteuse d’Etoile et vous ? »

A peine ai-je prononcé ses mots qu’une vague de malaise me prend. Oh la double boulette qu’elle cruche ! Est-ce que j’ai dit à Mél le prénom de ma mère ? Je n’arrive pas à m’en souvenir, mais je n’aurais vraiment pas du l’employer. Pire encore, je n’aurais pas dû questionner l’Âme pour connaitre son prénom ça pousse à la conversation et je n’ai vraiment pas envie de rester en sa compagnie. Si j’avais eu un téléphone j’aurais prétexté un appel, si j’avais eu une montre j’aurais prétexté être en retard quelque part, au lieu de ça je reste bêtement là à lui sourire et à attendre sa réponse.

En me rendant en ville je m’attends toujours à croiser des Âmes et à devoir jouer la comédie, mais il ne m’est jamais venu à l’idée que je tomberais juste sur celle que je ne veux absolument pas voir. Mentir à de parfait inconnus c’est plutôt facile, mais mentir à celle que l’on considère comme sa meilleure amie … Me rassérènent je me pousse, mentalement, à la considérer comme n’importe qu’elle autre Âme, au détail près que si par malheur elle arrive à se souvenir qui je suis, je suis grillée. Essayant de rester le plus neutre possible je me présente à elle sous le nom de ma mère tout en pensant, un peu tard, que si elle a accès aux souvenirs de Mélicendre elle va tiquer. Quoi que … Je ne sais plus si j’ai dit à Mél comment s’appelait ma mère. Enfin maintenant que c’est dit il est un peu tard pour s’en préoccuper, d’ailleurs elle me répond déjà et se présente tout en me signalant qu’elle a failli aller sur le monde des ours elle aussi, puis me demande ce que je fais par ici. Me mordant la lèvre je me retiens de répliquer que je sais pertinemment comment elle s’appelle, se serait complétement impolie et absolument idiot de ma part. Je préfère continuer de jouer les innocentes.

-« Enchanté Sunny. Je … »

Je quoi ? Le fait qu’elle vienne de relever ses lunettes de soleil m’a complètement bloqué dans ma phrase me faisant perdre contenance. La lumière faisant miroiter ses yeux je retiens une grimace. En règle générale je n’ai rien contre les yeux des Âmes, mais voir cette lueur dans ceux de Mél me fiche un coup. Secouant la tête j’essaye de retrouver la réponse que je voulais lui donner. Je vais en course ? Non ce n’était pas ça, elle risque de vouloir m’accompagner puis me raccompagner et je me vois mal lui dire que je loge dans une grotte dans le désert. De plus, plus je passe de temps avec elle plus je risque de faire une erreur. Je peux peut être prétendre rendre visite à mon petit ami … Le soucis c’est qu’elle connait Strauss et qu’il ne fait aucun doutes qu’il ne lui a pas parlé de moi. Du coup hors de question de lui attirer plus de problème qu’il n’en a déjà. Des problèmes … Peut être qu’il n’en a plus, ça fait plusieurs jours qu’on ne s’est pas vue, peut-être qu’elle l’a démasqué et alors … Sans m’en rendre compte je me crispe à l’idée qu’il lui soit arrivé quelque chose, mais déjà Sunny reprend la parole m’arrachant à mes pensées morbides. Se proposant de m’accompagner elle me fait savoir qu’elle a du temps libre avant de rejoindre son frère. Imperceptiblement je me crispe un peu plus à l’évocation du jeune homme. Zut, zut, zut, elle va voir Strauss, si elle lui raconte sa rencontre avec moi ça va l’inquiéter. Mon visage se vide de son sang, me laissant blafarde. Oh quel bordel … Me passant nerveusement la main dans les cheveux je me force à sourire. Plus le choix, il me faut lui dire où je me rends et espérer qu’elle ne me propose pas de me raccompagner chez moi par la suite.

-« Heu … Bien sûre. Je me rendais au supermarché faire quelque courses. »

Mon malaise est palpable, mais je n’ai pas le temps de m’attarder là-dessus. Je ne vois pas comment démêler la situation et du coup je me sens aussi en colère qu’apeurée. En colère contre moi car je n’ai pas été assez prudente, mais morte de trouille à l’idée de la façon dont cette rencontre pourrait se terminer. Inspirant profondément et me forçant au calme je décide de ne pas laisser les choses tourner plus à mon désavantage. Il faut que je reste calme et tout ira bien, tout doit aller bien, vraiment, car je n’ose pas imaginer ce qui pourrait advenir par la suite. Une éventuelle insertion n’est pas ce qui me fait le plus peur, non. Ce sont les conséquences qui pourraient en découler. La mort de Strauss, la découverte du groupe de Castiel, … Non ! Tout va bien se passer. Reprenant contenance je continue de sourire poliment et me met en marche. Puisque je suis sensé jouer les Âmes soyons curieuse et amicale.

-« Vous avez un frère ? Vous avez bien de la chance j’aurais aimé que mon hôte ai des frères et sœurs. »

Prenant une allure rêveuse je parle tout en souriant. Voilà, jouer la comédie et arrêter de se laisser déstabiliser. Marchant tranquillement dans la rue j’ai enfin repris contenance, dommage que je n’ai pas été si détendue dès le début de cette rencontre. Tant pis, il est toujours temps de se reprendre. Du moment que je ne m’attarde pas trop sur ses yeux, parce que malgré tous mes efforts leur lueur me donne envie de la frapper. Bien sûre Sunny n’est pas la fautive, mais même sans le vouloir elle m’a volé ma meilleure amie, ma seule amie et j’en ai le cœur en miette. De plus sa simple présence cause des ennuis a énormément de monde dont deux personnes qui compte pour moi. Un petit blondinet que je veux protéger en mémoire de sa sœur et un grand gaillard qui fait battre mon cœur. Chassant mes pensées moroses je me remets à parler histoire d’oublier la douleur que je sens poindre en moi.

-« Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis quand à aller sur la planète des ours ? C’est un endroit superbe, enfin c’est sûre que comparé à ici les paysages sont un peu moins diversifié, mais les émotions y sont moins fortes et moins déstabilisantes. »

Me voilà bien malgré moi embarqué dans une rencontre que j’aurais sérieusement préféré éviter. Enfin … N’ayant pas trente-six options j’accepte la proposition de Sunny de m’accompagner faire mes courses. Visiblement ça lui plait, par contre je ne peux retenir une grimace lorsqu’elle soumet l’idée que je pourrais me joindre à elle et son frère pour le goûter. Je lui lance un regard en coin à travers mes lunettes et lui fait un demis sourire.

-« Je vais y réfléchir. »

A entendre comme : «Cours toujours.» Il y a des limites à ne pas franchir. Qu’elle m’accompagne passe encore, ça me fournis une protection supplémentaire tant qu’elle ne sait pas que je suis humains, mais me retrouver coincée entre elle et Strauss pour partager un goûter là c’est du suicide pure et dure. Je me vois mal réussir à mentir sur mes sentiments concernant le jeune homme alors si je peux éviter de me retrouver prise entre deux feux ça m’arrangerais. N’empêche, ma réponse ne fais pas très Âme et est à la limite de l’impolitesse. Je décide donc de faire prendre une autre direction à la discussion et j’interroge Sunny sur son frère. Tout en parlant je me remets en marche et retrouve rapidement mon aplomb. La compagnie de l’Âme à beau me stresser il me faut être le plus naturelle possible pour ne pas attirer l’attention des autres passants. Pourtant quand elle me répond et m’annonce que je m’entendrais surement bien avec son frère un sourire à demi moqueur se dessine sur mon visage. Je le remplace malgré tout rapidement pour un sourire plus franc. Il faut vraiment que j’arrête, le sarcasme ce n’est pas mon truc et là ça me desserre plus qu’autre chose. Je la voie alors abaisser ses lunettes de soleil et me détend enfin complètement. Sans cette affreuse lueur dans son regard j’ai presque l’impression de me balader avec Mél.

Prise d’une quinte de toux ma voisine attire mon attention. Haussant les sourcils derrière mes lunettes je la regarde d’un air perplexe en me demandant quoi faire. Manquerais plus qu’elle s’étrangle en pleine rue. Mais non, le malaise passe et elle s’excuse. Je décide donc de relancer la conversation, mais sur un tout autre sujet. Plus question d’évoquer Strauss, son prénom à lui seul éveille trop de réaction chez moi. Je me lance donc sur quelque chose de bateau et que je maitrise parfaitement, la planète des ours. La questionnant pour savoir ce qui la décidée à ne pas s’y rendre j’écoute avec attention sa réponse et … Oh non ! Je me crispe lorsqu’elle salue un homme s’étend approché de nous. Affichant mon attitude la plus polie possible je n’en reste pas moins prudente. Après Sunny voilà un traqueurs … Ce n’est vraiment pas ma veine. Je laisse les deux Âmes parler entre elle et me contente de répondre poliment lorsque Sunny me présente à l’homme. Ce dernier me détails de la tête aux pieds et j’essaye de garder une expression neutre bien que j’ai envie de lui coller ma main dans la figure. Dans le genre poli il y a quand même mieux que de toiser ainsi les gens. Je reste malgré tout de marbre et prie pour qu’il parte vite.

Ce n’est qu’après avoir écouté Sunny lui détailler sa journée qu’il nous salue et tourne enfin les talons. Je prends alors une grande inspiration. Je ne m’étais même pas rendu compte que je retenais mon souffle. Sunny me demande alors si on y va et encore trop stressée par cette rencontre je me contente de répondre par un bref hochement de tête. C’est donc en silence qu’on reprend la direction du magasin. Il ne me faut pas longtemps pour retrouver une attitude plus enjouée. Arrivé au magasin je salue poliment l’homme à l’entrée et me muni d’un panier. Comme Sunny semble me laisser choisir la direction à suivre je l’entraine au rayon des boites de conserves. Dans la grotte je ne manque pas de fourniture diverses. Couverture, nécessaire de couture et de cuisine, eau, outils en tout genre, … En quittant le château j’ai récupérer tout ce que mes parents et moi transportions lors de nos vadrouille et finalement la seule chose qui me fait défaut c’est la nourriture. Lors de mon premier raid en ville j’étais tellement stressée que je n’ai pas pris grand-chose et je suis déjà à cours, je décide donc d’être plus méthodique cette fois ci. Tout en empilant des boites de conserve longue durée dans mon panier je décide de questionner Sunny.

-« Votre hôte doit être importante pour que les traqueurs soit ainsi aux petits soins avec vous … Cela fait longtemps que vous avez été insérée ? »

J’aimerais lui demander directement ce qu’elle sait de Mél, mais se serais vraiment suspect, je décide donc de feindre la curiosité. Mine de rien j’ai peur de se quelle pourrais me répondre et m’apprendre.

La journée avait pourtant bien commencé, pourquoi a-t-il fallut que tout se retrouve chambardé si rapidement ? Ma rencontre avec Mélicendre, enfin Sunny, mon incapacité à lui mentir aussi facilement que n’importe quelle autres Âme, ça proposition de m’accompagner que je n’ai pu refuser et maintenant se foutus traqueurs. Ça fait un peu, beaucoup de chose à gérer d’un seul coup. Soit cette journée est vouée à mal finir, soit c’est un enchainement d’épreuve visant à me préparer à l’avenir … Je crois que je préfère de loin la deuxième option, quoi qu’elle ne laisse rien présager de bon non plus. Enfin … Sunny se débrouilla royalement bien pour éloigner le traqueur. A-t-elle compris qui je suis ? Probable, mais dans ce cas pourquoi ne pas avoir profité de la présence importune de l’homme pour me dénoncer ? N’ayant pas de réponse toute prête à la question je préfère ne pas me torturer l’esprit en vain et me préoccuper plutôt de mes courses. Après tout c’est pour ça que je suis venue en ville. Par chance je suis quelqu’un qui arrive assez facilement à reléguer ses problèmes au second plan, c’est donc parfaitement détendu que je pénètre dans le magasin. Manquerais plus que j’attire l’attention parce que j’ai l’air d’une boule de nerf.

Arrivée dans les rayons je conduis Sunny jusqu’au niveau des boites de conserves. C’est bien l’une des rares choses qui peuvent se conserver hors d’un frigo et pour une durée assez longue. Je me mets à en entasser dans mon panier et à chaque boite je ne peux m’empêcher de me dire que c’est trop, qu’il faut que j’en prenne moins si je ne veux pas attirer l’attention, mais en prendre moins ça veut aussi dire devoir revenir plus tôt que prévue et ça ne me plait pas c’est pourquoi j’accueille d’un sourire radieux l’initiative de Sunny. Se munissant d’un panier elle se met elle aussi à prendre des boites de conserves et me propose même de partager mon chargement, ce que je lui accorde volontiers. A deux on semblera tout de suite moins louche. Brisant alors le silence pour la première fois depuis l’intervention du traqueur je la questionne au sujet de son hôte et de son insertion. Je sais déjà que Mél est importante, elle connaît la localisation de chaque camps d’humain, par contre je suis curieuse de savoir depuis quand exactement Sunny a été placé en elle. Cela me permettra de savoir depuis combien de temps Mél lui bloque l’accès à ses souvenirs. C’est une façon comme une autre de se rassurer.

La réponse me donne matière à réfléchir. Les traqueurs savent que Mél est un puits d’informations, mais ça fait presque un mois maintenant qu’elle ne leur fournis rien de concluent, enfin de mon point de vue puisque au dernière nouvelle ni le château ni les autres groupes n’ont reçu de visites inattendu. N’empêche … Un mois déjà. J’ai l’impression que c’était hier que je faisais la connaissance de Mél dans le hall du château. Le temps passe bien trop vite et de façon bien peu agréable. Chassant mes souvenirs Sunny reprend la parole pour m’annoncer qu’elle va travailler à l’école et évoque Strauss. Le simple fait d’entendre son prénom me fait rosir et en même temps une pointe d’inquiétude m’enserre le cœur. Combien de temps encore sera-t-il en vie ? Va-t-elle le trahir quand elle saura la vérité à son sujet ? Lorsqu’elle me propose de prendre tout ce que je veux puisqu’elle est en voiture un conflit d’intérêt nait en moi. Soit elle me piège dans son véhicule et me livre aux traqueurs, soit je peux aussi la piéger moi et me débrouiller pour la ramener au château. John saurait quoi faire le cas échéant, mais … Je n’ai pas le temps de mener ma pensé à son terme que je sursaute en entendant mon prénom.

Tournant un regard ébahit vers elle j’ouvre la bouche pour protester avant de réaliser qu’elle parle d’une bague. Me reprenant j’observe le bijou, perplexe je constate que la pierre est superbe, mais n’a rien d’un cristal. Levant vers Sunny des yeux suspicieux je me force à ne pas laisser voir mon inquiétude naissante car déjà la vendeuse s’approche pour la corriger et lui signaler qu’il s’agit d’un diamant tout en lui demandant si elle veut l’essayer. Me délestant de mon panier Sunny laisse entendre que c’est moi qui vais l’essayer, croisant son regard je soupir et lui sourit. Grillée ! Elle sait qui je suis, à présent ça ne fait plus aucun doute. De bonne grâce j’essaye le bijou, de toute façon je ne peux pas filer, ça serais trop suspect et puis c’est elle qui a mes vivres. Je garde donc mon calme et observe le diamant scintiller à mon doigt. C’est vraiment une bague de fiançailles sublime, d’ailleurs Sunny et de mon avis et décide de la prendre. J’ai à peine le temps de lancer un regard interrogateur à la jeune femme qu’elle enchaine déjà en m’annonçant qu’elle va la donner à Strauss pour qu’il s’occupe du reste, même si ça risque d’en faire râler deux. Deux ? Strauss et Matt ? Un léger pouffement m’échappe, elle sait pour Strauss et n’a rien dit.

Je me sens soudain merveilleusement légère, comme si on venait de retirer un poids énorme de mes épaules. Caressant pensivement la bague, des étoiles plein les yeux, je sens l’espoir renaitre. Remettant le bijou à la vendeuse je laisse Sunny se charger du petit sachet dans lequel la jeune femme le place. Elle m’annonce alors qu’il ne manque plus que le gouter et on aura finis et … Elle me prend complétement de cours en m’annonçant que j’ai le bonjour de Miss Dragon. Plaquant ma main sur ma bouche pour retenir un éclat de rire mue par ma joie et par le qualificatif parfaitement trouvé je rectifie dans ma tête la pensé de tout à l’heure. Bien sûre. Les deux que la bague va embêter ce n’est pas Strauss et Matt, mais Mél et Matt. Mon cœur se gonfle alors de joie. Mél est toujours là, elle n’a pas été effacée et Sunny ne l’a pas dénoncé. Finalement c’est vraiment une merveilleuse journée. Reprenant mon panier je glisse mon bras sous celui de l’Âme et lui fait un sourire radieux. Alors que je pensais que notre rencontre sonnait le glas de la fin elle est plutôt signe d’espoir et de chance. Voilà une heureuse nouvelle. Bientôt tout sera arrangé, Max retrouvera sa sœur et son frère, Strauss et moi on sera enfin réunis pour de bon et … Je crois que je vais pouvoir ajouter Sunny à mes amie, elle me semble bien plus sympathique que je ne l’avais imaginée.

-« Quand tu verras Miss Dragon dit lui que notre petit ami commun se porte bien quoi qu’il soit un peu triste de son absence. »

Voilà une façon plutôt discrète d’annoncer à Sunny et Mél que Max va bien, ça me semble la moindre des choses. J’aimerais en dire plus, lui raconté mon soulagement de la savoir toujours là, lui expliquer que j’ai dû quitter le groupe à cause de ma peur de perdre Strauss, lui dire que finalement je me suis fait à la vie à plusieurs et que me retrouver seule dans ma grotte ne me plait pas, … Bref j’aimerais lui résumer en détails ce mois qui vient de s’écouler, mais je ne trouve pas de façon discrète de le faire. Il me faudra donc attendre de me trouver loin d’oreilles indiscrète. Je conduis donc, d’un pas léger, Sunny jusqu’au rayon confiserie. Laissant mon regard courir sur les diverses bonbons, gâteaux, céréales et autres sucrerie proposé j’arrête mon choix sur un met tout particulier. Sans lâcher le bras de l’Âme je la guide à ma suite et me plante devant l’étalage de chocolat. Cette profusion de tablette me rappelle ma dernière nuit en compagnie de Strauss, d’accord on n’a finalement pas mangé grand-chose puisque j’ai piqué une crise, mais avant cela on a passé un moment des plus agréable. Saisissant une plaquette de chocolat noir aux noisettes et raisins je le glisse dans le panier de Sunny en lui faisant un clin d’œil accompagné d’un joli sourire.

-« Si j’ai bonne mémoire le chocolat est une des choses que ton frère apprécie, en plus du café et des pâtes. Avec de la brioche se serait plutôt pas mal non ? A moins que tu ais prévue autre chose bien sûre.»

Rien n’aurait pu me faire plus plaisir au monde que d’apprendre que Mélicendre avait résisté à son insertion, sauf le fait de le cumuler avec l’idée de revoir Strauss. Bien que ça ne fasse qu’une semaine que nous avions passé la nuit ensemble il me manquait déjà affreusement alors savoir que j’allais goûter en sa compagnie me mettait de bonne humeur. Vraiment cette journée était parfaite. Mél n’avais pas disparu, Sunny ne l’avait pas dénoncée ni Strauss, j’allais voir ce dernier … Que demander de plus ? Tellement euphorique je ne pris même pas conscience de l’impact de mon commentaire concernant Maxim et entrainais l’Âme au rayon confiserie pour lui faire prendre du chocolat. Ce n’est qu’en me retournant vers elle pour lui donner une tablette que je vis que son sourire avait diminué. Ne faisant pas le lien avec mes paroles je lui fis donc un clin d’œil, auquel elle répondit, avant de lui proposer d’accompagner le chocolat de brioches, à moins qu’elle ait une autre idée. Bien que d’accord avec moi elle m’annonce qu’elle va prendre différente sorte de chocolat pour l’une de nos invitées. Une invitée ? Ma curiosité éveillée je la regarde entasser des tablettes dans son panier. C’est une vraie razzia qu’elle fait là ! Je me garde toute fois de tout commentaire bien trop occupée à chercher qui peut bien être la quatrième personne qui sera présente au goûter.

Coupant court à mes réflexions Sunny m’annonce qu’on a amplement de quoi faire et me demande si je veux bien qu’elle passe un coup de téléphone, ce à quoi je réponds par un bref hochement de tête. Je ne voie pas de raison de refuser, j’espère juste que ce n’est pas un traqueur qu’elle veut contacter. Cette simple idée me hérisse, mais je me résonne en me disant qu’aucune Âme hormis une traqueuse elle-même n’est assez bonne menteuse pour me tromper et si elle en était une je ne serais déjà plus là. Je lui accorde donc son coup de fil. Ensuite on rejoindra l’école. Son dernier commentaire m’arrache un sourire amusé et j’opte gaiement pour l’idée de la petite crise cardiaque. Strauss va en faire une tête en nous voyant toute les deux … Pas sûre qu’il apprécie la blague, mais je suis d’humeur à rire et j’ai passé trop de temps à m’inquiéter dernièrement pour me préoccuper de l’impact d’un tel comportement. Suivant Sunny aux caisses je ne peux me retenir de glousser en voyant son panier, qui est la plus suspecte de nous deux à présent ? Laissant le caissier scanner nos articles j’écoute distraitement les bavardages de Sunny. Si seulement la vie pouvait être aussi simple que ce moment de manière quotidienne. Un commentaire me chasse de ma rêverie. Une petite Âme ? C’est donc pour une enfant tout ce chocolat ?

Je ne connais pas d’enfant Âme et me demande comment elle sera. Lors de notre toute première rencontre j’ai demandé à Strauss si les enfants dont il s’occupe à l’école sont comme les enfants humains, mais il n’a pas sue me répondre n’ayant pas de point de comparaison. Je vais peut-être enfin avoir une réponse. Une fois nos articles scannés je salue gaiment le caissier et quitte le magasin. Sur le parking je regarde Sunny sortir son téléphone et essaye poliment de ne pas l’écouter. Epier les conversations c’est le comble de la grossièreté. Pourtant malgré mes bonnes intentions certains détails ne peuvent m’échapper. Un la petite Âme est une fille, deux elle se nomme Kassy ce qui fait plutôt humain, trois elle est à l’école donc avec Strauss. Bien, ça ne m’apporte pas grand-chose de savoir tout ça, mais je ne m’attendais à rien de plus. Ce qui m’étonne quand même c’est que Sunny veuille que l’enfant soit présente, soit la petite connais son secret et celui de Strauss, soit il va falloir jouer serré en sa compagnie. Je m’apprête à demander des explications, mais Sunny me devance et m’apprend que la petite Âme partage aussi son corps avec son hôte. Voilà ce qui explique sa présence à se gouter, mais tout à coup je me sens idiote, je vais être la seule humaine présente c’est grotesque.

-« J’étais justement en train de me demander si c’était une bonne idée qu’une petite Âme soit présente … C’est la première fois que j’entends parler d’un hôte enfant qui résiste, mais c’est peut-être parce que, comme tu l’as dit, c’est la première vie de Kassy. En tout cas je suis contente qu’elles s’entendent bien. »

Pas besoin de me questionner pour voir que je suis tout à fait sincère. J’ai à cœur que les Âmes et les humains arrêtent de se craindre et malgré les récents événements j’espère toujours qu’on puisse un jour vivre en paix. Savoir que deux enfants de deux espèces différentes peuvent s’entendre comme deux sœurs me conforte dans l’idée qu’une cohabitation est possible. En tout cas j’ai maintenant encore plus hâte que l’heure du goûter arrive pour pouvoir rencontrer cette enfant. Il ne nous faut pas longtemps pour rejoindre l’école, en même temps je savais qu’elle était toute proche puisque c’est le premier lieu que j’ai repéré en venant en ville… On se demande pourquoi. Sunny me questionne alors sur Maxim et je comprends enfin pourquoi son sourire c’est fait moins marqué au magasin. Pincent les lèvres je me tourne pour lui faire face.

-«Je ne lui ai pas dit, mais comme tu dis il n’est pas bête et doit s’en douter. De toute façon si ce n’est pas le cas il faudra bien finir par lui dire la vérité, enfin suivant ce que vous avez prévue toute les deux.»

Pour ma part le choix est simple, maintenant que je sais que Mél est là je veux qu’elle récupère son corps. Il va donc falloir qu’elle vienne au château et idem pour Strauss, il est temps que Matt aussi retrouve sa liberté. De toute façon il ne peut en être autrement, Maxim à le droit de récupérer sa famille, Matt et Mél leur corps et moi j’en ai assez de réfléchir à chaque fois que je vois Strauss pour essayer de ne pas froisser son hôte. Bref il est temps que toute cette situation se dénoue. N’empêche il y a d’autre petite chose dont je dois parler à Sunny histoire qu’elle ne soit pas prise de cours plus tard.

-« Quand Strauss m’a appris l’insertion de Mél j’ai quitté les humains pour m’installer plus près de la ville. Il était persuadé qu’il ne lui restait plus que quelque jour avant que tu ne découvres tout et ne cause sa perte et comme j’ai promis à Mél de veiller sur ses frangins s’il lui arrivait quelque chose j’ai décidé de rester près d’ici pour garder un œil sur lui et essayer de le persuader de me suivre en sécurité. Si tu te poses la question sache que les autres humains sont aux courants de t’as présence dans le corps de Mél et se sont mis à l’abri eux aussi. Max est avec eux et il y a là-bas quelqu’un qui a déjà pris soin de lui par le passé il ne risque donc rien. Ça m’aiderais vraiment de savoir ce que vous avez décidée toutes les deux pour l’avenir …»

Assise dans la voiture j’écoute Sunny contacter d’autres Âmes puis m’expliquer que l’enfant qui sera présente au goûter est une petite Âme dont l’hôte est toujours présent. Je lui fais remarquer ma surprise. Qu’un humain adulte résiste à une insertion ce n’est déjà pas forcément très courant, mais une enfant. Toute fois je ne peux m’empêcher de lui dire que je suis heureuse que les deux miss s’entendent bien. L’inverse causerait la perte de l’une ou de l’autre et c’est une idée qui ne me plait pas, bien que je ne les connaissent pas. Sunny est du même avis que moi et me fait remarquer que la petite humaine est plutôt froide avec les Âmes, ce que je comprends parfaitement, mais qu’il n’y aura surement pas de soucis avec moi puisque je suis humaine. Je lui réponds d’un simple sourire, on saura bien assez tôt si elle a raison concernant le fait qu’elles vont m’adorer ou non. Sunny me questionne alors sur Max. Me mordillant la lèvre j’hésite. Je n’ai jamais eu de frère ou de sœur, du coup, contrairement à Mél, je ne suis pas sûre d’avoir agis au mieux pour le plus jeune des Strauss. Mais puisqu’elle veut savoir s’il est au courant pour elles il faut bien que je lui réponde. Je lui explique alors que je n’ai rien dit au garçon, mais il est loin d’être bête et s’il n’a pas déjà deviné il comprendra à l’instant où il la verra. A moins qu’elles aient prévus de se séparer avant de le retrouver. Je ne le formule pas ainsi, mais je laisse entendre que ce que Max saura dépendra d’elles deux et de leur choix quant à l’avenir.

Observant Sunny je devine qu’elles sont toutes les deux en train de réfléchir, je laisse donc planer un certain silence, puis, n’y tenant plus, je décide de tout déballer. De toute façon il faut bien que je leur apprenne que les autres humains, du moins ceux du groupe de Castiel, sont au courant pour elles et ont déménagés le groupe. J’ajoute à cela le fait que je ne vive plus avec eux pour garder un œil sur Strauss et que Max est sous la protection de John sans oublier de signaler que, personnellement, ça m’aiderais beaucoup de savoir ce qu’elles envisagent pour l’avenir. Pour toute réponse Sunny me lâche qu’elle n’est pas sûre de comprendre ma question. Je ne réponds pas. Je sais que je viens de lui envoyer un surplus d’information alors je la laisse faire le point. Je fais bien car elle reprend la parole après un bref silence. Je suis contente de constater que finalement je n’aurais pas à expliquer ma question puisqu’elle m’en apporte la réponse. Je comprends sans mal qu’elle veuille s’assurer que tout ira bien et qu’ils seront tous en sécurité. Pour ma part je n’en doute pas, mais elle n’est pas humaine et je devine sans mal ce qu’elle peut craindre. J’acquiesce d’un simple mouvement de tête lorsqu’elle m’annonce qu’on en parlera une fois tous réunis, ça me semble la meilleure chose à faire. En attendant comme elle me le fait justement remarquée les enfants commencent à sortir.

La laissant se rendre au portail je décide de rester en retrait. Me glissant hors du véhicule je m’adosse à la voiture et la regarde se jucher en hauteur pour faire signe à la petite Kassy. Pour ma part je reporte mon attention sur toutes ses Âmes venues chercher leurs enfants, ça devait se dérouler de la même façon à l’époque où il n’y avait que des humains sur terre, mais en un peu plus chaotique peut être. Enfin … Je souris devant le spectacle de parents embrassant leurs enfants et attend patiemment que Sunny et la petite Âme me rejoigne, il ne manquera alors plus que Strauss.