Mélicendre se tenait debout au milieu de la pièce, tout comme moi elle contemplait les chefs-d'œuvre de mes marmots. Mais je remarquai que son sourire avait disparu, je me demandai bien à quoi elle pouvait penser en cet instant. Je fis comme si je n'avais rien vu, je ne voulais plus évoquer aucun sujet douloureux, surtout pas en ce moment, nous étions tout deux trop fragiles pour cela. Nous trois mêmes ! Hum non, tu m'as dit que tu étais un dur, tu n'es pas fragile toi. Ouais, tu marques un point. Un tout petit sourire en coin s'afficha sur notre visage. Je me passai ma main sur ma joue, je ne m'étais pas rasé depuis au moins quatre jours... Je sens qu'aujourd'hui j'allais avoir droit aux "aah tu piques" des enfants et aux regards inquiets de ma collègue. Mélicendre m'extirpa de mes pensées en bougeant pour jeter un coup d'oeil à l'horloge au dessus du tableau d'ardoise. Je n'aimais pas ça, cela voulait dire qu'elle allait bientôt partir. Oui, elle allait se retrouver seule dans la nature, vulnérable... Et je ne peux même pas la retenir ni la protéger. J'entendis mon hôte soupirer, le départ de Mélicendre était inévitable malheureusement. Elle prit d'ailleurs parole en se tournant doucement vers moi.

« Je suis sûre que tes élèves t'adorent. Il va falloir que j'y aille. Je repasserais quand j'aurais des nouvelles. »

Je lui adressai un sourire, vaux mieux rire que pleurer non ? J'imagine que oui, les enfants m'adorent, mais je sentais au plus profond de moi-même que mon destin allait être changé par ma nouvelle famille, que les enfants n'allaient bientôt plus faire partie de ma vie. Cela m'arracha un pincement au coeur, aussi puissant que les paroles de notre soeur qui disait revenir quand elle aurait des nouvelles. Un instant j'envisageai la possibilité qu'elle ne revienne pas avant de longs mois, mais je refusai d'y croire, je chassai donc cette pensée de mon esprit.

« Oui, et je les adores aussi... Tu peux revenir même si tu n'as pas de nouvelles hein ! »

C'était mon hôte qui avait prononcé la dernière phrase, je l'avais laissé faire car je le pensais aussi, et puis je devais un peu le laisser s'exprimer face à sa soeur, même si c'était mal et .. imparfait. Mélicendre s'approcha de moi et me prit dans ses bras. Je posai ma tête sur la sienne, je crois que je n'aime pas les au revoir. Tu n'es pas le seul ... Je me penchai et elle m'embrassa sur la joue de la même manière que j'embrasse mes enfants à la fin de la journée. Mais je sais que eux je les revois le lendemain, alors que Mélicendre... Elle fit un petit bond pour ajuster ses sacs sur son épaule, ça y est c'était la fin. Je lui adressai un sourire, c'est toujours moins douloureux que le reste et elle s'approcha de la porte en me disant.

« Tu devrais aller te passer un coup d'eau sur le visage. Au re... »

Quelqu'un ouvrit la porte, je plissai mes yeux fatigués, mais qui pouvait bien venir aussi tôt ? Je regardai par la fenêtre d'un rapide coup de tête, mais bien sûr. Ma voiture était garée à l'entrée et quelques mètres se trouvait sa voiture. Mélicendre recula faisant face à notre visiteur qui entrait doucement dans la pièce. Zombie. Je lui adressai un grand sourire, c'était à son tour de froncer les sourcils. Je pense qu'elle n'avait même pas vu Mélicendre, elle me dévisageait, remarquant instantanément mes cernes, mes yeux rouges, mes cheveux ébouriffés, ma pilosité faciale, et mes vêtements de la veille. Je pouvais tromper tout le monde, mais pas elle. Elle s'avança d'un pas, soupira en m'adressant un sourire, elle savait que je lui expliquerai tout plus tard. Elle tourna sa tête blonde vers Mélicendre, j'imagine qu'elle ne s'attendait pas à la voir, pas ici en tout cas.

« Bonjour ! »
« Salut ! »
« Hum j'ai oublié le magnéto dans ta salle, et le petit Nuage-de-Brume ne viendra pas de la journée, ses parents m'ont appelé ce matin, ils partent pour le nord du Canada mais reviennent demain. Et, vous faites un stage ici ou .. ? »

Elle s'était tournée vers la jeune brune en disant cela tout en prenant le magnétoscope dans ses bras. Une vraie relique ce magnéto, mais on l'aimait bien. Dieu merci Zombie était très professionnelle, pas une seule remarque sur 'Petale-Doré'. Je sentais qu'elle était intriguée par le fait de recroiser Mélicendre 'comme par hasard'. Je savais que dès que notre soeur allait partir j'aurais droit à une centaine de questions, une cinquantaine de café et des allusions à la con toute la journée, mais bon, j'espérais que la blonde comprendrait que je ne peux pas tout lui expliquer. On se disait toujours tout, mais nous avions chacun un secret que nous gardions pour nous, enfin, moi avant je n'en avais pas, maintenant nous sommes quitte.

« Hum j'ai oublié le magnéto dans ta salle, et le petit Nuage-de-Brume ne viendra pas de la journée, ses parents m'ont appelé ce matin, ils partent pour le nord du Canada mais reviennent demain. Et, vous faites un stage ici ou .. ? »

On aurait presque pu la féliciter de ne pas avoir remarqué Mél, mais non, décidément elle est conne. Dis pas ça, elle est juste méfiante. Mais mon hôte n'avait pas entièrement tort, Zombie aurait très bien pu faire abstraction du fait que Mélicendre se trouvait dans la pièce, elle aurait pu juste la saluer, mais non ... Je ne pus m'empêcher de sourire lorsque Mélicendre s'étrangla de stupéfaction, elle sourit et répondit sur un ton calme.

« Non, j'étais juste passé dire au revoir. Je vais partir un moment en trek, mais l'idée me plaît. Je vais peut-être y réfléchir. Soyez gentille avec Strauss. On a passé la nuit à parler de souvenir et autre. Sur ce, je vous dis au revoir. Ravi d'avoir pu vous revoir. »

J'en aurais poussé un soupir de soulagement si j'avais pu, la jeune brune s'en était sortie par une pirouette et l'Âme ne vit que du feu. En même temps, elle ne pouvait pas voir grand chose d'autre, entre Âme nous étions sincères, nous prenions tout au pied de la lettre. C'était d'ailleurs à son tour de s'étrangler lorsque notre soeur lui a dit que nous avions passé la nuit à parler, elle avait toussoté un bref instant, la salive était surement mal passée, mais je ne pouvais pas lui en vouloir, j'aurais certainement réagis de la même manière. Mais Mélicendre prit la fuite plus rapidement que prévu, elle nous adressa un bref signe de main et partie comme une voleuse, me laissant ainsi seul dans la pièce avec la jeune blonde. Elle n'était pas stupide - arrête, elle est blonde - elle se doutait que quelque chose n'allait pas. Je regardai amèrement Mélicendre s'éloigner par la fenêtre tandis que Zombie s'était approchée d'un pas.

« Tu veux te reposer avant d'y aller ? »

J'étais tenté de dire oui, mais étant un dur de dur je refusais gentiment. Je sentais que quelque chose n'allait pas chez Zombie. Elle avait vu deux fois Mélicendre, à chaque fois cette dernière portait des lunettes de soleil et à chaque c'était à des heures très inappropriées. Elle devait sentir que je lui cachais quelque chose, à un tel point que je me retournai pour écrire machinalement la date au tableau. Elle savait que mon honte était encore dans ma tête, elle savait que je me droguais au café, mais je ne pense pas que lui dire que je communique avec un humain serait une bonne idée. Pardon ? Je sais que si je lui dis elle allait mourir de peur mais qu'après elle respecterait mon choix parce que je suis son meilleur ami, qu'elle voudra m'aider. Le problème n'est pas elle, mais tout ce qu'elle pourrait engendrer, elle ne sait pas mentir, si un traqueur la force à avouer elle sera contrainte de livrer ses secrets même si elle lutte. Et là nous serons perdus. J'imagine qu'une fois de plus j'allais devoir mentir à quelqu'un qui m'était cher... Je me rendis compte que j'avais toujours la main tenant la craie en l'air, pointée sur le point de la date, le regard vide. Zombie avait posé sa main sur mon épaule, elle semblait inquiète et prit doucement parole.

« Tu es sûr que ça va ? »
« Non. Mais c'est vraiment trop compliqué tu comprends, je suis désolé. »

Elle resta muette, m'accordait simplement un sourire plein de compassions puis laissa glisser sa main. Pas si conne que ça en fait. J'entendis des bruits dans la cour, je regardais ma collègue, souriant, puis la suivit dans les couloirs pour atteindre la cour. Mes enfants arrivaient uns à uns ! Lumière d'Etoile accourut vers moi et me sauta au cou pour m'embrasser, elle ne m'avait pas vu depuis vingt heures que d'émotions.

« Aaaah tu piques ! »

J'entendis Zombie rire, finalement j'y avais eu droit à cette réflexion. J'adressai un sourire à l'enfant tandis qu'une armée de petits mômes se jetaient sur ma collègue et moi. Aujourd'hui allait être une journée difficile, mais pas plus que celle d'hier. Mélicendre nous manquait déjà... Je balançais un sac à dos sur mon épaule avec les sept litres d'eau tandis que ma collègue prit la glaciaire et je dis avant de partir.

« Aller les p'tits, on est prêts ? »

Sorry moi aussi, en plus j'ai écris de la merde XD Bon, bah on peu commencer le sujet quand tu as retrouvé Max :D